La prière des apôtres réunis au Cénacle avec Marie, est la première grande épiclèse, elle ouvre la dimension épiclétique de l’Église, de ce « Viens, Saint-Esprit » qui continuera à résonner dans l’Église au long des siècles et par lequel la liturgie fera précéder toutes ses actions les plus importantes.
Pendant que l’Église était en prière, « un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent […] Tous furent remplis d’Esprit saint » (Ac 2, 2-4). Il se produisit ce qui s’était passé lors du baptême du Christ : « Comme […] après avoir été baptisé lui aussi, Jésus priait, le ciel s’ouvrit. L’Esprit Saint […] descendit sur Jésus » (Lc 3, 21-22). On dirait que pour saint Luc, c’est la prière de Jésus qui perça les cieux et fit descendre l’Esprit sur lui. La même chose se produisit à la Pentecôte.
Il est impressionnant de voir avec quelle constance, dans les Actes des apôtres, la venue du Saint-Esprit est liée à la prière. On ne cache pas le rôle décisif du baptême (cf. Ac 2, 38), mais on insiste encore plus sur la prière. Saul « priait » lorsque le Seigneur lui envoya Ananie pour qu’il recouvre la vue et qu’il soit rempli du Saint-Esprit (cf. Ac 9, 9-11). Quand les apôtres apprirent que la Samarie avait accueilli la Parole, ils envoyèrent Pierre et Jean et « à leur arrivée, ceux-ci prièrent pour ces Samaritains afin qu’ils reçoivent l’Esprit saint » (Ac 8, 15).
Quand, à la même occasion, le magicien Simon tenta de recevoir le Saint-Esprit en payant, les apôtres réagirent avec indignation (cf. Ac 8, 18). On ne peut acheter le Saint-Esprit, on ne peut que l’implorer dans la prière. Jésus lui-même avait lié le don du Saint-Esprit à la prière en disant : « Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! » (Lc 11, 13). Il avait lié ce don, non seulement à notre prière, mais aussi et surtout à la sienne en disant : « Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous » (Jn 14, 16). Entre la prière et le don de l’Esprit, il y a le même circulation et interpénétration qu’il y a entre la grâce et la liberté. Nous avons besoin de recevoir le Saint-Esprit pour pouvoir prier, et nous devons prier pour recevoir le Saint-Esprit. Au début, il y a le don de la grâce, mais nous devons ensuite prier pour que ce don soit préservé et qu’il grandisse.
Curé de Chaville