« Jamais les prêtres ne manqueront »

 Cette promesse du Seigneur, faite à Israël, par l’intermédiaire du prophète Jérémie après une période de crise, est une promesse d’espérance pour nous.
 
A vue humaine, il y a de quoi se décourager. Il n’est pas nécessaire d’évoquer les chiffres alarmants concernant le déclin actuel des effectifs de prêtres, de chrétiens, de couples mariés, etc. puisque nous savons que les courbes sont liées, et que tout cela est aujourd’hui facile à trouver sur internet ou dans des ouvrages notables. Cette chute vertigineuse nous meut et nous émeut, pour nous faire prendre notre part de responsabilité dans l’annonce de la foi, dans la prière pour les vocations, et dans l’éducation à l’abandon à Dieu. En ce sens, il va de soi qu’il faut fournir des efforts pour ne pas décourager nos enfants, et même pour les rendre disponibles à l’appel si merveilleux de Dieu, malgré les craintes ou réticences qu’on peut avoir, particulièrement comme parents.
 
Mais il est bon d’entendre que nous ne sommes pas voués à l’extinction, car nous appartenons au Seigneur. S’il faut prier et agir en faveur des vocations, ce n’est pas d’abord pour combler des défaillances, combler des lacunes.
C’est un cri d’espérance : « Jamais les prêtres ne manqueront ». Nous œuvrons pour prendre notre part dans cette promesse du Seigneur offerte au monde. Et nous recevons largement notre part dans le bienfait de cette promesse offerte par Dieu à son peuple. Car nous sommes conduits par le Grand Prêtre par excellence, Jésus, le Bon Pasteur, qui nous dit « sois sans crainte, petit troupeau, votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume » (Lc 12,32).
 
On ne guérit bien que lorsqu’on est mû par un profond désir de vie, sans quoi les pansements, les réorganisations, les « il faut que » n’auront pas d’effet. C’est la Vie, un cri de Vie qui jaillit des entrailles de l’Eglise, c’est le désir de la Vie de Dieu qui nous porte à supplier le Ciel et à nous adresser au monde. Car notre souffle et notre nourriture sont dans l’Eucharistie, et le pasteur qui rassemble et envoie au nom du Christ, comme le mouvement battant du cœur, c’est le prêtre, porté par les poumons monastiques et religieux. Le corps pourrait avoir de multiples mains et pieds pour agir ici-bas, s’il manquait les poumons irrigant le corps par la prière, et le cœur qui est l’instrument pour que circule la vie, alors le corps s’épuiserait. La Tête est le dernier organe à s’éteindre. C’est lui qui maintient la vie, et passe par la pompe du cœur. Et la Tête qui dirige tout, qui est là jusqu’au bout, qui donne sens à notre vie, et pour laquelle nous vivons, c’est le Christ.
 
Que le Corps tourne à plein régime, qu’il soit le rayonnement de la puissance de Dieu ! Pour cela, avec foi, espérance et charité, redisons avec confiance « Jamais les prêtres ne manqueront », pour que tous, nous nous mettions debout, et prenions notre place dans un corps qui risque trop souvent la léthargie et l’évanouissement ; que tous, et particulièrement les jeunes, nous puissions lever les yeux vers le Seigneur, et dire « Me voici, Seigneur, envoie-moi » (Is 6,8). Ainsi, nous abandonnant au Seigneur, nous lui offrirons d’accomplir sa promesse : « Jamais les prêtres ne manqueront ».