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      Saint Basile le Grand : homélie sur le jeûne

Saint Basile le Grand : homélie sur le jeûne

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Basile de Césarée, appelé également Basile le Grand (surnommé « le Grand » dès son vivant), né en 329 et mort selon la tradition le 1er janvier 379 à Césarée de Cappadoce, est l’un des principaux Pères de l’Église.


HOMÉLIE SUR LE JEÛNE.

(extraits)

Le jeûne est une arme qui nous fait triompher de l’armée des démons. Cette sorte de démons, dit Jésus-Christ, ne se chasse que par la prière et par le jeûne. Tels sont les grands avantages que le jeûne nous procure. L’intempérance est la source des plus affreux désordres. Les mets délicats et les vins exquis nous portent à des passions brutales. Les délices irritent la concupiscence et allument dans les hommes des désirs furieux qui les rendent semblables à des chevaux indomptés. Les excès du vin nous font renverser l’ordre de la nature, pervertir et corrompre l’usage des différents sexes. Le jeûne au contraire entretient la modestie et la continence dans le mariage ; il fait qu’on se retranche même les choses permises, et que deux époux se les interdisent de concert pendant quelque temps pour vaquer plus librement à l’oraison.

Prenez garde néanmoins de borner l’avantage du jeûne à l’abstinence des viandes. Le jeûne véritable est de s’abstenir des vices. Rompez tout lien d’iniquité (Is. 58,4 et 6) : pardonnez à votre prochain la peine qu’il a pu vous faire, remettez-lui ses dettes ; ne jeûnez plus pour faire des procès et des querelles. Vous ne mangez point de chair, mais vous dévorez votre frère. Vous vous abstenez de boire du vin, mais vous ne modérez aucune des passions qui vous emportent. Vous attendez le soir pour manger, mais vous consumez, tout le jour dans les tribunaux. Malheur à ceux que, non le vin, mais leurs passions enivrent (Is 51,21). La colère est une ivresse de l’âme ; elle la trouble et la transporte comme le vin. La tristesse est aussi une ivresse, puisqu’elle enveloppe et ensevelit la raison. La crainte est une autre ivresse, quand elle nous fait trembler mal-à-propos. Délivrez mon âme, dit David au Seigneur, de la crainte de mon ennemi (Ps. 63. 2). En général, toute passion violente qui trouble et dérange la raison, peut être appelée ivresse. Voyez un homme emporté par la colère : cette passion le rend ivre ; il n’est plus maître de lui-même, il ne se connaît plus, il ne connaît aucun de ceux qui sont présents ; il se jette sur tous ceux qu’il rencontre, comme dans un combat nocturne ; il parie au hasard, il ne peut se contenir, il invective, il frappe, il menace, il crie, il s’emporte en jurements, il se livre à toute sa rage. Evitez une pareille ivresse.

Fuyez aussi celle que cause le vin. Ne vous préparez pas à boire de l’eau en buvant du vin avec excès. Que l’ivresse ne vous introduise pas dans les mystères du jeûne. Ce n’est pas l’ivresse qui conduit au jeûne, comme ce n’est pas la cupidité qui conduit au désintéressement, ni l’intempérance à la sagesse, ni en général le vice à la vertu. Il est un autre chemin qui conduit au jeûne ; la frugalité mène au jeûne comme l’ivresse mène aux dissolutions. Les athlètes se préparent au combat par des exercices ; on se dispose au jeûne en s’exerçant à l’abstinence. Ne cherchez pas à éluder la loi, et à vous dédommager d’avance, par la débauche, d’un jeûne de cinq jours [les Grecs ne jeûnaient ni le dimanche, ni le samedi].

C’est en vain que vous mortifiez votre corps, si vous ne rendez pas cette mortification utile en renonçant au vice. Vous confiez des provisions à un cellier perfide : vous versez du vin dans un tonneau percé. Le vin s’écoule par le passage qu’il trouve ouvert, et le péché demeure. Un esclave fuit le maître qui le frappe ; et vous ne vous éloignez pas du vin qui attaque tous les jours votre tête. La meilleure mesure dans l’usage du vin, c’est de n’en prendre que pour le besoin du corps. Si vous passez aujourd’hui les bornes, vous aurez demain la tête pesante, vous serez ennuyé, étourdi, vous exhalerez une odeur désagréable, vous croirez que tous les objets qui vous environnent tournent autour de vous. L’ivresse cause un sommeil qui approche de la mort, et un réveil qui ressemble à un assoupissement. Ne songez-vous plus à celui que vous devez recevoir. C’est celui qui nous fait cette promesse consolante : Mon Père et moi nous viendrons, et nous ferons en lui notre, demeure (Jean. 14. 23.). Pourquoi donc recevez-vous d’abord l’ivresse, et fermez-vous par-là l’entrée au Seigneur ? Pourquoi invitez-vous l’ennemi à s’emparer des avenues de votre âme ? L’ivresse ne reçoit pas le Seigneur, l’ivresse bannit l’Esprit-Saint. L’intempérance chasse la grâce, comme la fumée chasse les abeilles. Le jeûne est l’ornement de la ville, le soutien du forum, la paix des maisons, la sûreté des fortunes. Voulez-vous comprendre quelle est sa dignité ? Comparez le jour où nous sommes avec le jour suivant : vous verrez le bruit et le tumulte se changer en un calme profond. Je voudrais que nous fussions aussi sages aujourd’hui que nous le serons demain, et que demain il régnât la même joie qu’aujourd’hui.

Que le Seigneur qui fait succéder les temps les uns aux autres, nous accorde, après nous être exercés comme de braves athlètes, et avoir pratiqué constamment la tempérance, d’arriver au jour où seront distribuées les couronnes : qu’il nous accorde, après nous être conformés dans cette vie au Sauveur souffrant, de recevoir dans la vie future la récompense de nos travaux, de la main du souverain Juge, à qui soit la gloire dans les siècles des siècles.

Ainsi soit-il.

En savoir plus

Pour lire l’homélie en entier, cliquez ici

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